TABLEAUX MODERNES, ECOLES BRETONNES
samedi 5 mai 2018 à 14:30

Lot 173 Emile BERNARD (1868-1930)

Emile BERNARD (1868-1930) "L’église sous la neige" hst sbg datée 1892 61x38. Bibliographie Jean-Jacques Luthi et Armand Israël, Émile Bernard, sa vie, son œuvre, catalogue raisonné, Éditions des catalogues raisonnés, 2014, n° 291, p. 186 (comme L'Église d'Auvers-sur-Oise sous la neige) Provenance : Collection Ambroise Vollard Vente 10 décembre 1986, Paris, Drouot, étude Ader-Picard-Tajan, n° 71, reproduction p. 49 (comme L'Église du village sous la neige) Vente 16 décembre 1990, Brest, étude Thierry-Martin-Lannon, n° 96, reproduction (comme L'Église d'Auvers-sur-Oise sous la neige) Vente 30 octobre 1995, Paris, Drouot, étude Laurin-Guilloux-Buffetaud, n° 47 Cette œuvre d'Émile Bernard figure au catalogue raisonné sous le titre " Église d'Auvers-sur-Oise sous la neige ". En fait, il s'agit de l'église paroissiale Saint-Georges de la commune de Couilly-Pont-aux-Dames en Seine-et-Marne, dans la Brie au sud de Meaux. Modeste village de 500 habitants à l'époque, il était facilement accessible par le chemin de fer. Le 16 janvier 1892, Émile Bernard vient y retrouver son ami Eugène Boch qui y a acheté une maison de campagne en 1890. Ils ont tous deux fréquenté l'atelier de Fernand Cormon et sont liés par des amitiés comme celle de Vincent Van Gogh. En 1890, Boch sollicite ses conseils pour constituer une collection d'art moderne et ils deviennent plus proches. L'année suivante, Bernard séjourne plusieurs semaines en début d'année à Couilly chez son ami (la commune s'appelait alors ainsi). Le pays lui plait au point de lui consacrer un sonnet qui commence ainsi : " un calme ardent en ce bourg, dès le matin les cloches vous chantaient. " Ayant découvert un manuscrit consacré à l'histoire du village, il se passionne pour son passé et son patrimoine dont l'église qui, écrit-il à Boch alors absent, " est vantée comme la plus belle de la contrée, avec trois pignons ne ressemblant à aucune église des paroisses voisines. De ce qu'elle a trois pignons en façade d'aucun disent qu'elle est l'emblème de la Sainte Trinité et je crois bien qu'ils disent vrai, elle est très ancienne et je crois sa construction antérieure à 1130. " Il y revient à la mi-janvier 1892 et est également satisfait, comme il le dit à sa mère : " Le séjour à Couilly aura été une bonne chose pour mon travail parce qu'avec Boch on ne perd pas son temps : sans cesse par les champs et les routes, cela est sain. Puis le soir nous faisons de la gymnastique régulièrement ". Il trouve sur place un artisan pour lui faire ses cadres pour ses prochains envois. Malgré toutes ces activités, il prend le temps de peindre durant ce court séjour de quatre semaines, deux études de l'église qui l'intéresse tant. Il choisit de mettre en avant le caractère hétérogène du flanc sud, jouant sur les décrochements des toitures et mettant en avant le caractère massif du monument. La gamme colorée se limite à six couleurs posées en aplat suivant l'esprit du synthétisme, comme si le temps de neige, - nous sommes entre la mi-janvier et la mi-février -, réduisait les nuances colorées et accentuait certaines couleurs tel le rose des murs. Bernard, alors très absorbé par ses interrogations sur la religion et son intérêt pour le moyen-âge, confère à ce simple paysage un caractère symbolique. Le muretin et quelques arbres nus, traités à la manière japonisante tout en hauteur, constituant une sorte de grille, isolent le sanctuaire. La seconde peinture connue (catalogue raisonné n° 293 sous le titre " Église et ferme bretonne " [sic]), n'a pas le même effet par son format horizontal et le point de vue plus éloigné, traduisant plus une vue du village. Le 15 février, Bernard repart pour Paris pour préparer ses envois pour les salons de la Rose+Croix et des Indépendants. Ensuite il prendra la route de Pont-Aven. Il ne reviendra plus à Couilly. Durant son long périple qui le mène à partir de 1893 de l'Italie à l'Égypte, de telles toiles sont conservées dans le domicile familial à Asnières. Elles ressortiront en 1901 lorsque le marchand Ambroise Vollard lui consacrera une exposition associant des œuvres de diverses périodes. André Cariou

Estimation : 150 000 € / 200 000 €