Lot 378

Georges Daniel DE MONFREID (1856-1929) "La falaise de Leucate" hst non signée vers 1887-1889. Exposition : Perpignan, musée d'art Hyacinthe Rigaud, Monfreid sous le soleil de Gauguin, 25 juin - 31 décembre 2022, n°19 p 44, reproduction. Provenance : collection particulière. 59x81

Tampon au revers : marque du fournisseur de la toile et du châssis : « Paul Foinet (Van Eyck) 54 avenue ND des Champs Paris / Toiles et couleurs fines »

Commentaire :
En 1874, en raison d’ennuis de santé, Georges Daniel de Monfreid se rend à La Franqui située dans la commune de Leucate près du Cap Leucate dans l’Aude pour y prendre des bains de mer. Il est alors âgé de 18 ans. Il vient d’arrêter ses études après le baccalauréat pour se consacrer à la peinture et s’est inscrit à l’Académie Julian à Paris. Durant ce séjour, il rencontre Amélie Bertrand dont la famille exploite un hôtel. Il l’épouse en 1877 et passe dorénavant ses vacances à La Franqui, où sa belle-famille lui fait construire un atelier.
Après l’Académie Julian, Monfreid fréquente à partir de 1882 l’Académie Colarossi où il rencontre Claude-Émile Schuffenecker. Par son intermédiaire, il rencontre Paul Gauguin fin 1887 et noue des relations. Il va ainsi figurer sous le nom de Daniel dans la fameuse exposition du Groupe impressionniste et synthétiste dans le Café des Arts en marge de l’Exposition universelle de 1889, connue sous le nom d’exposition Volpini.
Comme Schuffenecker et plusieurs autres, il est alors intéressé par la technique divisionniste ou pointilliste élaborée par Georges Seurat dont on voit les œuvres dans des expositions depuis 1884. Il n’utilise pas le procédé un peu fastidieux des «petits points» pour décomposer les couleurs et effets de lumière, mais il joue d’une manière empirique d’une juxtaposition de petits coups de pinceaux animés en tous sens sur des fonds colorés.
Il peint ainsi plusieurs paysages des environs de La Franqui, depuis la falaise proche du cap des Trois Frères et du cap Leucate, dont celui-ci avec, à l’horizon, la côte basse des immenses plages aux alentours de Grussan dominées par les collines du massif des Corbières. La gamme colorée correspond à l’aridité de ce paysage de la côte catalane, brûlé par le soleil et écrasé par la chaleur.
Au revers de la toile est apposée la marque du marchand de couleur Paul Foinet correspondant à la période d’activité commerciale de 1884 à 1897. Cette marque et la toile elle-même sont identiques à celles de l’Autoportrait à la veste blanche (Perpignan, musée d’art Hyacinthe Rigaud) de 1889. La légère différence de technique par rapport au portrait situe le paysage peut-être avant, vers 1887 ou 1888.
Ce paysage fait écho à Vigne et lagune à la Franqui dit Paysage de Leucate de 1887 (collection particulière, exposition George-Daniel de Monfreid Le confident de Gauguin, musées d’Alençon et de Narbonne, 2003-2004, n° 7 pages 26-27), à Sur la falaise de La Franqui de 1889 (collection particulière, exposition Monfreid sous le soleil de Gauguin, musée de Perpignan, 2022, n° 20 p. 45) et à Paysage du Roussillon de 1889 (Indianapolis Museum of Art).
Cette peinture était inédite jusqu’à présentation dans l’exposition Monfreid sous le soleil de Gauguin au musée d’art Hyacinthe Rigaud de Perpignan (25 juin – 31 décembre 2022). Peut-être correspond-elle au Paysage présenté dans l’exposition Volpini ? André Cariou