TABLEAUX MODERNES, ECOLES BRETONNES
samedi 7 décembre 2019 à 14:30

Lot 204 Maurice DENIS (1870-1943)

Maurice DENIS (1870-1943) "Les brûleurs de goémon" hsc mbd 1899, 42.5x55 Expositions : 1970, Paris, musée de l'Orangerie, Maurice Denis, n° 162 1972, Brest, musée des Beaux-Arts, Le Temps de Gauguin 1979, Pont-Aven, musée de l'Hôtel de Ville, Maurice Denis, n° 39 1983, Villefranche-sur-Mer, chapelle Saint-Elme, Maurice Denis, Images de Bretagne, de Pont-Aven à Perros-Guirec, n° 3 1985, Perros-Guirec, Maison des Traouïeros, Maurice Denis à Perros-Guirec, n° 29 2009, Pont-Aven, musée, Maurice Denis et la Bretagne, la leçon de Pont-Aven, n° 43 Historique : Collection de Maurice Denis, puis de son fils Dominique Denis, et collection familiale par descendance Catalogue raisonné : La peinture est inscrite dans le catalogue raisonné de l'œuvre de Maurice Denis.

Commentaire :

« Les Brûleurs de goémon » 1899, huile sur carton, H. 42,5 – L. 55, Monogramme vertical de l’atelier en bas à droite - Expositions : 1970, Paris, musée de l’Orangerie, Maurice Denis, n° 162 /1972, Brest, musée des beaux-arts, Le Temps de Gauguin / 1979, Pont-Aven, musée de l’Hôtel-de-ville, Maurice Denis, n° 39 /1983, Villefranche-sur-Mer, chapelle Saint-Elme, Maurice Denis, Images de Bretagne, de Pont-Aven à Perros-Guirec, n° 3 / 1985, Perros-Guirec, Maison des Traouïeros, Maurice Denis à Perros-Guirec, n° 29 / 2009, Pont-Aven, musée, Maurice Denis et la Bretagne, la leçon de Pont-Aven, n° 43 / Historique : Collection de Maurice Denis, puis de son fils Dominique Denis, et collection familiale par descendance. Catalogue raisonné : La peinture est inscrite dans le Catalogue raisonné de l’œuvre de Maurice Denis. Maurice Denis explore la Bretagne au gré des étés. En 1899, il s’installe en famille au Pouldu. Il peint diverses scènes familiales dans l’hôtel où il demeure ou dans les environs qu’il explore aussi à la recherche de nouveaux thèmes. Le goémon l’inspire, un sujet auquel il a déjà consacré deux peintures en 1890 à Perros-Guirec. Le ramassage du goémon, son séchage et son brûlage sont des activités importantes pour Le Pouldu car le goémon d’épave y est abondant. Durant son séjour, le peintre est d’ailleurs témoin, après une tempête le 6 septembre, de l’affairement de la population du hameau. Sa belle-sœur Eva Meurier alors présente, écrira à ses parents (archives collection famille Denis) : « Pour terminer la journée, nous avons vu pêcher le goémon, le goémon est une grande herbe qui se trouve dans la mer et que les bretons prennent pour engrais, c'est excessivement curieux à voir ramasser, les bretons se jettent dans ces lames hautes dont je te parlais tout à l'heure et, à l'aide de gros râteaux de bois, ils ramènent ces herbes sur le bord ; les vagues passent par-dessus leur tête ; au bout de vingt minutes environ, ils se prennent tous par les mains et dansent en rond en chantant des chansons bretonnes. » Maurice Denis fera une toile de cette scène « Danse des pêcheurs de goémon » (collection particulière). Pour cette scène de brûlage de goémon, le peintre s’est installé sur une plage un peu en contrebas de la dune. Il observe quatre hommes en plein travail, celui de droite extrayant des algues du tas où elles ont séché et les trois autres à gauche alimentant le foyer creusé dans le sol. Le vent pousse la fumée vers la gauche. Comme Paul Gauguin ou Paul Sérusier en 1889-1890, Denis cherche à s’éloigner du pittoresque. Cette scène lui permet de mettre en œuvre des innovations graphiques qui font écho à ses recherches théoriques. Pour le premier plan, il n’hésite pas à se placer en contrebas, en en accentuant le côté vertical. Sans aller jusqu’à l’antinaturalisme radical de Gauguin qui a donné une couleur vermillon au sable rose des plages du Pouldu, Denis renforce sa tonalité rose. La scène animée est vue d’en bas et les personnages sont traités comme des figures découpées, rendues impersonnelles par l’absence de détails et la couleur uniforme. Pour le traitement des frondaisons, des nuages et des algues déposées sur le sable, Denis joue avec une grande liberté d’effets décoratifs. Le canot échoué au premier plan contribue à structurer la composition (un enfant qui observe l’intérieur de l’embarcation n’est pas son fils). La comparaison avec des œuvres de Lucien Simon, Jean-Julien Lemordant ou Mathurin Méheut qui traiteront du même thème montre sa grande inventivité devant un tel spectacle. Cette toile a parfois été considérée de 1901 et localisée à Loctudy. Mais les thèmes de l’estuaire de la rivière de Pont-L’Abbé n’ont rien à voir, et il faut ramener cette œuvre au séjour du Pouldu en 1899, d’autant plus qu’il existe une grande parenté avec une autre peinture, la Dune rose (collection particulière), où l’on retrouve les mêmes innovations de composition et de gamme colorée, dans le plus pur esprit nabi. André Cariou

Estimation : 25 000 € / 30 000 €